LE VIAUR : les barrages.


Il faut distinguer :

- d'une part les barrages amont qui forment un système, que l'on peut globalement appeler, le "système Pareloup"

-d'autre part le barrage de Thuriès en aval .

Enfin, les micro-centrales qui sont installées sur d'anciennes chaussées de moulin et ne créent pas de retenues d'eau importantes.

Pareloup :

Construit de 1949 à 1951, ce barrage de 43,45 mètres de haut est situé sur un affluent du Viaur : le Vioulou. Avec 1260 ha et une contenace de169 hm3, il s'agit de la 16ème réserve française, elle est alimentée, en plus des eaux du bassin versant du Vioulou, par un système de pompage des apports du Céor, du Bage et du Viaur qui sont stockés dans les retenues du Céor, de Bage et de Pont de Salars (voir carte). L'essentiel des eaux de ce barrage est transféré, via l'usine d'Alrance, vers l'aménagement hydroélectrique du Pouget sur le Tarn qui reçoit donc ainsi une partie des eaux du bassin versant du Viaur. Une partie des eaux alimente la ville de Rodez et le syndicat des eaux du Ségala.
Les barrages du "système Pareloup" ont été vidangés en 1993 (Pareloup), 1994 (Bage) et 1995 (Pont de Salars). Ces vidanges ont dégradé, comme toute vidange de barrage, la qualité des eaux du Viaur mais d'une manière moins grave que lors de celle de Thuriès.

Les impacts des barrages sur la rivière

  • Réduction des débits naturels (les débits réservés sont de 1/30ème du module inter-annuel) ce qui gêne l'autoépuration de la rivière.
  • Dégradation de la qualité : les écoulements d'eau des retenues qu'ils proviennent de vannes de fonds (peu d'oxygène, beaucoup d'azote) ou de surface (température forte et pollution organique) sont de qualité médiocre et accroissent la pollution.
  • Ecrêtage des crues (1966 : 180 m3/s contre plus de 400 en 1930).
  • Les vidanges accroissent les effets de dégradation des eaux par pollution .

Thuriès :

Plus petit (1,3 M de m3), ce barrage à vocation hydroélectrique fonctionne par éclusées, parfois importantes (jusqu'à 22m3/s, ce qui dépasse nettement le débit moyen du Viaur à cet endroit : une dizaine de m3).

En août 1996, la DRIRE (Direction Régionale de l'industrie de la Recherche et de l'Environnement) a exposé les problèmes posés par le renouvellement de la concession du barrage de Thuriès â EDF. La retenue pourrait jouer le rôle de soutien d'étiage du Viaur. Cela conduirait à un marnage pouvant aller jusqu'à trois mètres. La DRIRE consulte dans ce dossier les collectivités locales et les associations concernées par la situation.

Toute la population de la vallée en aval de Thuriès a gardé de très mauvais souvenirs de la vidange de ce barrage et la question du soutien d'étiage avait été donc largement discutée et commentée par l'assemblée générale de l'association Viaur-Vivant.

La DRIRE, les préfectures et EDF ont donc été informées de notre point de vue que nous résumons ci-dessous.

La première question qui se pose est l'intérêt de ce soutien d'étiage. Le Viaur a bien entendu, en été, un débit faible, en moyenne entre un et deux m3/s parfois moins. Un bas niveau d'étiage provoque des nuisances graves : mortalités piscicoles, tourisme canoë gêné, pollution par eutrophisation ; ce qui handicape baignade et alimentation en eau potable. De fait, cette situation n'existe qu'en cas de sécheresse prolongée ou si l'on fait d'importants stockages d'eau dans les barrages (Thuriès, Pont de Salars, Pareloup). Ces cas de figure ne sont pas réguliers, heureusement. Donc le soutien d'étiage ne semble guère nécessaire systématiquement.

En fait il semblerait que ce soutien d'étiage ne concerne pas le Viaur lui même mais son aval où les besoins en eau sont plus importants.

Ceci étant posé, VIAUR-VIVANT n'est pas hostiles par principe a un soutien d' étiage Si certaines conditions sont garanties :

  • des lâchers d'eau réguliers
  • de faibles débits c'est à dire proches du débit réservé (1,7 m3/s)
  • effectués par les clapets de surface ou par le siphon afin que les eaux lâchées soient propres et pas trop froides (pas d'usage des vannes de fond).

Ces conditions sont sans doute incompatibles avec la production d'électricité qui provoque lors du turbinage des lâchers d'eau massifs et irréguliers mais elles nous semblent garantir un bon état des eaux pour ses divers usages (tourisme, pêche, pompages d'eau qui alimentent les communes environnantes).

Il faut enfin souligner que la capacité de la retenue de Thuriès est assez faible (6.5 millions de m3) et qu'utiliser celle-ci comme soutien d'étiage avec un débit un peu important amènerait rapidement un marnage bien supérieur aux trois mètres évoqués.

A la suite de nos courriers, E.D.F nous a répondu qu'il était peu réaliste d ' envisager Thuriès comme réservoir de soutien d'étiage, entre autre à cause de la faiblesse de la capacité utile : 1,3 million de m3, soit un soutien de quinze jours au rythme de I m3/s.

E.D.F a également précisé que la loi eau (voir dossier sur le SDAGE} imposait un débit restitué à l'aval du barrage de 1,73 m3/s, ce qui allait mettre à l'arrêt la centrale hydro électrique du 13 juin à fin septembre. La restitution d'eau se ferait en partie par le fond et en partie par la surface.

Nous avons rappelé alors notre hostilité à des lâchages trop importants par les vannes de fond.

 

Assemblée générale 2003 Thuriès/Charlas

L' Assemblée Générale de notre association, s’est penchée sur le problème de la gestion de l’eau localement (Thuriès) et dans la région Midi-Pyrénées (Charlas).

Localement, des lâchers d’eau, visiblement un peu anarchiques cet été, ont failli mettre en péril, en faisant baisser brutalement le niveau des eaux du barrage de Thuriès, l’adduction en eau des communes s’ y approvisionnant. L’Assemblée Générale décide donc de faire parvenir à l’ensemble des élus et administrations concernés par cette question, les remarques des adhérents concernant la gestion des eaux du Viaur et plus particulièrement celles du barrage de Thuriès.

Voici ci-dessous la teneur des courriers envoyés :

L’exceptionnelle sécheresse estivale de 2003 a posé de manière aiguë des problèmes concernant la gestion des eaux sur lesquels nous avions déjà pris position puisque, depuis 1990, notre association, soucieuse de la sauvegarde de la rivière Viaur, est intervenue à plusieurs reprises dans différents dossiers concernant la vallée.
Lors des précédentes utilisations du barrage de Thuriès comme soutien d'étiage il nous semblait qu’un certain nombre de conditions devaient être mises en oeuvre pour garantir le maintien d’une bonne qualité des eaux à la fois pour le tourisme, la pêche et les pompages d'eau qui alimentent les communes environnantes :
- des lâchers réguliers,
- plutôt de faibles volumes c'est à dire proches du débit réservé (1,7 m3/s)
- effectués par les clapets de surface ou par le siphon afin que les eaux lâchées soient propres et pas trop froides.
Nous avions également demandé que ces opérations soient faites en informant au mieux la population locale.

Nous tenons d’abord à souligner que nos membres ne sont pas, par principe, hostiles à un soutien d'étiage à partir du barrage de Thuriès, même si ce soutien concerne en fait, non pas le Viaur, mais son aval c’est à dire la rivière Aveyron et la Garonne. La nécessaire solidarité dans la gestion des eaux est un principe de base auquel nous adhérons mais à condition que les précautions ci-dessus rappelées, soient garanties.

Cet été, le Préfet de Tarn et Garonne qui gère le plan de gestion des étiages a décidé d’utiliser la totalité de la réserve de 1.1 million de m3 d’eau du barrage (abaissement de 3 mètres du niveau d’eau) de Thuriès pour pallier les effets de la sécheresse. A cette décision, justifiée par la situation de crise hydrique, s’est ajouté l’abaissement anticipé (plus d’un mois avant la date prévue) des eaux pour la visite décennale d’E.D.F. C’est par la presse que la population locale et les élus ont appris ces décisions… Et c’est en une semaine que l’essentiel des lâchers d’eau a été effectué provoquant un abaissement brutal du niveau du barrage et une montée tout aussi brusque des eaux du Viaur. Le syndicat intercommunal d’alimentation en eau potable de Pampelonne s’est ainsi trouvé dans une situation critique pour assurer l’alimentation en eau des 1500 habitants du secteur.

Donc, ce qui nous semblait garantir à la fois le maintien d’un état des eaux correct et une gestion démocratique des ressources n’a pas été mis en œuvre cet été. Nous le regrettons vivement. Au-delà de ces incohérences de la gestion des lâchers d’eau, l’Assemblée Générale des adhérents s’inquiète aussi de voir le barrage de Thuriès considéré comme un réservoir uniquement dédié au soutien d’étiage, c’est à dire en fait à l’irrigation. La production d’électricité, le tourisme et l’alimentation en eau potable donc, les intérêts de la population locale, sont des usages aussi nobles que la production de maïs. La nécessaire solidarité à prendre en compte dans la gestion des eaux ne doit pas être à sens unique.

Nous soulignons d’ailleurs à ce sujet que les 167 millions de m3 du barrage de Pareloup, eux, n’ont guère été sollicités, alors qu’un lâcher de 1.1 million de m3 n’ y provoquerait qu’un faible marnage par rapport au 3 mètres de baisse de niveau de Thuriès.

   

Les eaux de THURIES.

E.D.F, qui produit de l'électricité sur le site de Thuriès, a commandé au laboratoire d'hydrobiologie de l'Université Paul SABATIER de Toulouse un certain nombre d'études scientifiques pour mieux gérer la retenue. Parmi celles-ci un dossier sur un phénoméne que les riverains de la retenue ne peuvent pas ignorer : la prolifération des algues, notamment l'été. Une étudiante de Paul Sabatier, Florence SEGUIN a soutenu en septembre 1997, un D.E.A d'écologie dont le mémoire porte sur le cycle des algues dans le lac de Thuriès (sous la direction d'un professeur spécialiste des algues René LE COHU).

Précisons que le compte-rendu qui suit ne donne pas un aperçu fidèle de ce travail très technique et très spécialisé mais qu'il en extrait seulement quelques éléments et conclusions.

Pourquoi et comment la retenue de Thuriés fabrique t'- elle ces algues ?

Pour répondre â la question, Florence Seguin a mesuré l'évolution d'un certain nombre de paramètres (par des prélèvements réalisés en 1997), notamment la température, l'oxygénation, les teneurs en matières azotées. Qu'en résulte t'- il ?

 

Les températures:

Si les eaux de surface au printemps sont relativement froides : 8°C en avril, elles peuvent être trés élevées dès la fin mai 24°C le 27 mai (record 27°C le 12 juin). Elles diminuent fortement en profondeur : â 14 mètres, le 27 mai la température était divisée par deux par rapport à la surface (120C). Mais Si de violents orages interviennent, ils homogénéisent un peu les températures.

 

L'oxygéne:

La quantité dissoute décline rapidement en profondeur surtout quand la température s'élève. Ainsi, en juin, on constate que dès une profondeur de deux mètres l'oxygène dissout diminue considérablement. Au fond, l'oxygène est absent.

 

Les teneurs en nutriments :

On relève de fortes teneurs en nitrates (2,5 à 4 mg/l sur toute la colonne d'eau) ainsi que des concentrations importantes d'azote total (nitrates plus nitrites plus azote ammoniacal) et de phosphore. Tous les facteurs ci-dessus placent le lac de Thuriès dans la catégorie des lacs "hypereutrophes" ou l'abondance de nutrirnents et la faible teneur en oxygène favorisent le déséquilibre biologique et une importante biomasse algale.

Consolation, la zone euphotique (éclairée par le soleil) qui varie actuellement de 6 mètres de profondeur en moyenne et jusqu'à dix mètres (l'été) est encore convenable. Si ce critère se dégradait également, la qualité des eaux, déjà mauvaise serait encore bien pire...